L’ombre d’une pandémie sur mon voyage
Parce que partir en voyage comporte toujours son lot de risques, mais celui-ci aurait été dur à prévoir!

Prévoir une semaine de vacances solo et être prise en pleine pandémie mondiale subitement, c’est pas tous les jours que ça arrive! Voici le récit de comment j’ai vécu les évènements de mon côté du monde.
Le doute avant le départ.
Premièrement, quand j’ai booké mon vol, le virus était bien présent en Italie et autres pays, mais il n’y avait encore zéro menace à ma destination ou au Canada. Un peu avant de partir, on commençait à annoncer certains cas au Québec, je savais qu’il y avait des risques à voyager, mais pour être bien honnête, je n’estimais pas ses risques très élevés. Mon mari m’a quand même fait acheter une assurance supplémentaire au cas où. Il avait même peur que l’île se ramasse en quarantaine. C’était pas mal le pire scénario qu’on avait imaginé Scénario qui n’était pas loin du compte finalement…
Je suis arrivée lundi le 9 mars. La crise a commencé le jeudi 12 mars.
Alors que nous avions profité de ce que cette belle île avait a nous offrir, ma soeur, son amie et moi (on venait de faire un super tour de catamaran et on était pas mal sur le party!), nous revenions à l’hostel, et c’est là que nos messages ont commencé à entrer avec le wifi. La panique s’est vite installée. Tous les canadiens autour de moi essayaient de voir plus clair dans ce qui se passait au Canada. Étrangement, les Européens ne semblaient pas encore très alertés, et pourtant…
Les premières nouvelles que nous avons eu ciblaient la quarantaine obligatoire pour les voyageurs du secteur public œuvrant dans le sytème de santé et services sociaux. On sentait l’effervescence de tout le monde qui nous écrivait, mais à ce moment, on a fini par se dire que ça allait bien aller et qu’on allait faire un petit deux semaines à la maison au retour (ma soeur et son amie font parties des services sociaux). Pas si mal au fond.
Mon mari n’a vraiment pas été chanceux pendant mon absence.
On comptait sur l’école pour que ca se passe bien et que la routine ne soit pas trop déstabilisée pendant mon absence. Comme de fait, il a eu deux fermetures pour tempête, une fermeture pour panne d’électricité, sans oublier la journée pédago du lundi du retour de relâche. Mon mari a dû s’organiser 4 jours sur 5 pas d’école! Pour de vrai, c’était quoi les chances?
Le lendement matin de l’annonce de l’urgence sanitaire mondiale et ces mesures, je me rappelle avoir dit à mon mari que les écoles allaient certainement bientôt fermées comme en Europe. Ma nouvelle amie allemande m’avait expliqué comment ça c’était passé pour eux.. plus de deux mois sans école. Je savais que ça s’enlignait vers ça.
Malheureusement, ca n’a pris que quelques heures avant que le premier ministre annonce officiellement les fermetures des écoles. Je me sentais bien mal pour mon mari qui semblait passer une semaine assez poche… à ne pas trop pouvoir travailler, àjongler avec le gardiennage pendant que moi je profitais du beau temps. Mais je n’y pouvais plus rien.
Chaque jour a eu son lot de stress supplémentaires avec l’annonce de nouvelles mesures.
Mon billet d’avion était prévu le lundi le 16 mars, mais j’avais une escale au New Jersey, nous avions tous l’avis de rentrer au plus vite pendant que les moyens commerciaux étaient disponibles. Ça sentait la fermeture des frontières et des avions cloués au sol. La panique semblait avoir gagné les aéroports tant bien que l’attente dans les aéroports américains était devenue épouvantable. Je me voyais déjà me faire refuser l’accès à mon vol vers le Canada (il me fallait entrer aux États-Unis pour prendre ma connexion). Alors, j’ai essayé de voir ce que je pouvais faire pour changer mon vol; revenir plus tôt, un vol direct, quelque chose pour m’éviter les States.
J’ai réussi à parler à ma compagnie de voyage après une longue attente, qui elle, a passé toute la journée en attente avec ma compagnie aérienne pour tenter de changer mon vol, elle n’a jamais réussi à avoir la ligne. Je savais que j’allais devoir faire comme prévu. Je me suis même mise à regarder les bus à partir de New York au cas où…
J’avais en tête plusieurs scénarios de back-up comme des scénarios de gestion de crises.
Tout ça, les deux pieds dans le sable, à suer, à bronzer à l’ombre entre deux baignades rafraîchissantes dans l’eau turquoise. C’était le côté positif de tout ça!
À ce stade-là, l’hostel comprenait environ 250 invités, tous venus des 4 coins du monde.
Les gens faisaient des facetime avec leurs familles un peu partout sur leur resort et essayaient du mieux qu’ils pouvaient de trouver une solution à leurs situations personnelles. Certains voyageurs étaient des nomades qui n’avaient pas de billets de retour du tout dans leurs pays…mais la vie semblait continuer comme avant.
C’est clair que nous avons vécu un gros stress, anxiété, pendant notre voyage, mais en même temps, nous étions dans un endroit paradisiaque et la menace était tellement pas palpable là-bas à comparer ici que nous avons choisi de gérer nos émotions et d’en profiter, tout en respectant les mesures d’hygiène, bien évidemment. On a même eu beaucoup de plaisir!
En dortoir avec des Européennes possiblement infectées.
Mon principal soucis rendu là était de partager notre chambre à 8 personnes dont 5 m’étaient étrangères. Yep. Pendant la semaine, j’ai partagé ma chambre avec des francaises, des allemandes, des suédoises et des hollandaises.
Certaines de ces filles toussaient.
La toux, qu’on entendait majoritatiement la nuit, était vraiment de trop dans ces circontances! La panique était à son comble les derniers jours avec ces tousseuses venues de ne je ne sais où. On a tenté de faire changer ces filles de chambre, sans résultat.
Un soir, le médecin de l’île est venu à l’hostel pour nous expliquer grossièrement ce qu’on savait pas mal tous déjà; de rester calme et de prendre les mesures d’hygiène adéquates. Somme toute un bel effort du Nomads pour rassurer et limiter les dégâts.
La peur; une émotion peu souvent matérialisée.
Au final, j’ai eu un retour sans problème et beaucoup plus calme qu’apprehendé.
Avec le recul, je sais qu’il y a eu beaucoup plus de peur que de mal. Bien que je ne minimise en rien la situation, car les risques étaient bien réels, je ne crois pas que cela aurait aidé de paniquer davantage. Pour de vrai, les gens m’ont presque reprochés de ne pas capoter… Ça aurait servi à quoi? Je ne pouvais rien faire de plus que ce que j’ai fait.
Je n’ai pas eu le virus. Aucun des voyageurs que j’ai connu ne l’a eu non plus. Nous avons tous respectés notre quarantaine.
Avoir su, est-ce que je serais partie ?
Oui, sans l’ombre d’un doute.
Keep faith. ✌️

3 commentaires
Sylvie Leclair
Pour y être , j’y étais … Éli c’est un très beau texte qui reflète l’exactitude de la réalité d’avoir été à l’extérieur du pays, bien au chaud ,au soleil ,les pieds dans l’eau , en sirotant notre drink tropical préféré ; qui face à cet menace de taille , nous étions là ,spectatrice, passive et impuissante , pendant que tout nos proches s’inquiétaient pour nous …. Et que dire du retour en terre Canadienne _____ Oufff !!!! C’était littéralement , comme avoir manqué le chapitre le plus punché de ton livre … ou l’adaptation à la réalité était de mise et…. en vitesse grand V . Bravo Éli , très bon témoignage . Ça va bien Aller
Eli Dufour
Tellement vrai! Le retour était assez intense comme si on avait la lèpre!! Mon mari m’a fait asseoir dans la 3e rangée de banc et il m’a droppé a la maison en m’annonçant que j’allais être seule pour les 14 prochains jours… Un accueil plutôt froid disons le…
Toute qu’une histoire pareil.
Claude Duquette
Super beau récit, tu as une très belle plume,tres fluides a la fin de chaque chapitre on a hâte de passer au suivant……