La blessure du rejet
C’est dans mon coffre à jouet que je me suis cachée pour éviter de devoir me rendre à l’école. Ma mère ne m’a jamais trouvé. J’étais en secondaire 2.
Il faut être vraiment être prête à tout pour éviter ce qui m’attendait. Ce qui m’attendait, c’était le rejet. Les paroles blessantes, des regards de mépris et des chuchotements et ricanements derrière mon dos. Tout ça, je ne voulais plus les subir.
Mon petit cerveau de 12 ans ne pouvais pas dealer avec le rejet. La mal-être était trop grand et la honte de ne pas être suffisante pour être acceptée tel que je suis. Je ne voulais pas régler ça. Je ne voulais pas « en parler ». Je ne voulais pas affronter mes persécuteurs. Je voulais juste plus jamais ressentir la honte d’être la rejetée.
J’ai fuit.
J’ai déménagé en plein milieu d’année à l’autre bout du Québec. Bon ok, à 3h de route, mais dans le temps, c’était autant dire que j’étais sur une autre planète parce que jamais je n’aurais à revoir mes persécuteurs (#lavieavantlesreseauxsociaux).
Aujourd’hui, je vois ce que les blessures du rejet peuvent faire chez mes enfants…
On a tellement besoin d’être accepté. C’est fou. Pourtant, on a pas beaucoup de contrôle sur l’acceptation des autres outre que d’être le plus gentil ou cool possible. Agir de façon socialement acceptable du moins. Mais, les habiletés sociales sont pourtant difficiles à acquérir, et encore plus pour certain, comme pour mon fils.
Au chalet, quand mon fils a été blessé par le rejet de ses cousins, je lui ai dit qu’on pouvait s’en aller. Qu’on se suffisait nous, notre petite famille, notre petit cocon. Que je suis son rocher et qu’il pourra toujours y trouver un appui solide. À ce moment, c’est ce qu’il avait besoin d’entendre. Il s’est endormi en paix, collé sur son rocher.
Le lendemain, il n’avait pas si le goût de partir au final… Il aime tellement être avec ses grands cousins.
Il s’est complètement transformé pour plaire et répondre aux attentes de ses cousins. De faire son grand. Il a pris sur lui. Je le vois que c’est difficile pour lui d’agir de façon socialement acceptable. Ça lui demande beaucoup d’efforts, mais les efforts en vaut la peine.
Ça a marché. Il a été accepté. Récompense de ses efforts : il a passé une super belle journée avec eux. Je suis contente qu’il ait passé par dessus. Qu’il a confronté sa peur du rejet. Qu’il a fait des efforts pour être « socialement acceptable ». C’est ça vivre en relation avec les autres. C’est dur. Il faut parfois prendre sur soi.
La peur du rejet, je sais qu’il va toujours l’avoir. Tout comme je l’ai encore. L’être humain a cruellement besoin de faire partie de la bande. D’être accepté. De plaire. De se sentir valoriser. En tant que parents, on aimerait tant pouvoir éviter des blessures de coeur et effacer les cicatrices. Mais on ne peut pas. Les cicatrices restent pour la vie et il faut apprendre à vivre avec. Oui, le rejet laisse des marques bien profondes. L’attitude envers le gens se transforme à jamais. L’amour des gens est très éphémère et conditionnel. Conditionnel au bon déroulement d’une relation…
Mon fils. Si tu savais comme je voudrais t’éviter cette cicatrice. Celle qui te fera douter de ce que les gens disent tout bas, en pensant qu’il parle de toi. Celle qui fera en sorte que tu te sentiras attaqué à la moindre remarque. Celle qui fera en sorte que tu te refermeras lorsque les conflits éclateront…
J’ai pris bien du temps à savoir que je souffrais de cette cicatrice d’humiliation et de rejet. Personne ne m’a jamais aidé à la guérir.
Mais, mon fils, je vais t’aider toi, à la guérir…
Le rejet fait mal. Tellement mal.

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5 commentaires
Mélissa
Magnifique ce texte Éli ! Sa me brasse encore chaque fois comme il a 20 ans. Je peux encore ressentir cette douleur. Je suis et serai moi aussi le roc de ma fille car je ne lui souhaite pas mon parcours. Merci de mettre de si beaux mots sur ce qu’est le rejet xxxx
Eli Dufour
Merci pour ton beau mot Méli! On aimerait tant éviter cela a nos enfants mais on ne peut pas toujours, mais on peut les aider du mieux qu’on peut. Les relations personnelles c’est tellement pas faciles pareil. Il faut toujours continuer de grandir pour être encore plus empathique, à l’écoute, et se respecter soi-même. Les blessures nous rendent plus fortes
Marc Dufour
Je suis triste d’apprendre cela car tu ne m’en a jamais parlé. c’est peu être mieux.. peu être que je n’étais pas équipé pour t’aider la dans mais je comprends très bien ce sentiment pour l’avoir expérimenté tellement de fois
Claude Duquette
Super Beau texte Les directions d’école devrait te lire
J’ai vécu idem à la même age je comprend bien ….
Eli Dufour
Merci Claude! Oui je pense que beaucoup de jeunes passent par là d’une manière ou d,une autre…La clé est sûrement d’apprendre la communication non violentes (autant enfant que parents et enseignants). Pour que les parents soient aussi outillés pour mieux guider leurs enfants vers le respect des autres et être plus conscients de l’ampleur des blessures que nos paroles ou nos gestes peuvent laisser chez les autres. Merci Claude pour tes encouragements, ça fait toujours plaisir de les lire!